
Tu es arrivé au seuil d’Oolretaw.
Ici, les frontières entre le réel et l’imaginaire se brouillent. Lorsque les lampadaires municipaux s’allument, la ville bascule dans un univers miroir aux reflets fantastiques. Les lieux se métamorphosent, et des événements inattendus surgissent.
Quand la nuit enveloppe cette ville des Cantons-de-l’Est, d’étranges phénomènes commencent à émerger…

Une pluie de trop
J’étais en plein arbitrage d’un match de Beach Volley nocturne, mettant en opposition Alex et Max, quand une brise chaude fit voler le ballon à l’autre bout du terrain. Il était passé 2 heures du matin. À ce moment, Maélie, mon amie de toujours, propose de quitter la plage pour nous rendre chez moi. Alex approuve la proposition de mon amie, suivi de Max et finalement de moi. Nous étions tous épuisés de notre journée estivale entre amis. Cela faisait environ 3 semaines quel l’on ne s’était pas vus, depuis notre dernier examen pour être plus exact.
Notre groupe est formé de 4 personnes.
Moi, on me reconnait par le fait que je suis haute comme trois pommes. Je me prénomme Juliette. Malgré mes 16 ans, j’ai un visage ressemblant à celui d’une enfant du primaire et je suis maladroite. Les autres qui m’accompagne font comme parti de ma famille. Maélie, que je surnomme ma girafe rousse, me prend par le bras gauche, dû à mon plâtre au droit, et nous mène vers mon copain Alex qui, avec Max, en train de rassembler nos choses dans son sac à dos. Ensuite, on prend la route, Max et Maélie en éclaireurs suivi de près par Alex et de moi, à distance, en arrière, comme toujours.
Une fois à l’intersection de la rue Foster et Lewis Ouest, j’ai remarqué que les lampadaires longeant les trottoirs étaient tous éteint, comme si Waterloo avait eu une panne d’électricité. Je ne l’ai pas mentionné à mes amis, car de toute façon, ils étaient déjà rendus loin devant moi. Je trouvais la possibilité d’une panne invraisemblable, car c’était une nuit bien normale durant le milieu de juillet, aucune averse depuis le printemps dernier et il n’y avait pas encore eu de grosses vagues de chaleur ayant pu causer cette coupure.
Soudainement, Alex , tel une toupie, s’est retourné vers moi, a parcouru la distance qui nous séparait et m’a pris par la main pour que je marche côte à côte avec lui, que je ne sois plus seule derrière. Les deux autres, nous ont attendu assis sur des bancs près de l’école secondaire. Au moment de les rejoindre, je perdis l’équilibre alors qu’un vent violent me frappa dans le creux poplité. La bourrasque alla ensuite frapper les branches et le feuillage de végétaux déshydratés produisant, au passage dans ces géants, un bruit ressemblant à un rire hystérique. Inquiète, mon regard se posa sur Maélie qui comprit tout de suite ma crainte et m’enlaça pour me rassurer. J’ai essayé de me dire que ce n’était que du vent dans des arbres, mais j’avais un pressentiment.
Cela n’annonçait rien de bon.
Frileuse de nature, j’avais remarqué que la température avait chutée depuis notre départ. Cela me fit marcher un peu plus vite. J’étais maintenant capable de suivre le rythme du groupe. Le ciel s’était couvert. On ne pouvait plus apercevoir d’étoiles. Je sentis une goutte s’écraser sur mon épaule dénudée, puis deux, puis trois, quatre, jusqu’à ce qu’une averse amazonienne nous surprenne. Celle-ci me fit angoisser, cela ne faisait pas parti du plan de la soirée que je m’étais imaginé. Inconsciemment, j’ai commencé à accélérer le rythme pour nous trouver un abri contre la pluie. Méfiante, je scrutais les alentours plus attentivement. J’étais alerte pour éviter que nous arrive d’autres choses bizarres. Pour prévoir, avant que ça ne soit trop tard.
Nous avons décidé de nous abriter dans La Caboose. Le wagon rouge, aménagé en musée ferroviaire est toujours débarré pour les visiteurs. C’était le seul lieu public, dans notre périmètre, encore ouvert à cette heure. Pour protéger mon plâtre, mes amis m’ont laissé passer en premier. Le souffle court, tremblante, j’ai pris mes cheveux mouillés et les ai tressé derrière ma nuque. Maintenant avec un toit au-dessus de nos têtes, on pouvait reprendre notre souffle. On s’est mit confortable et on a attendu que les précipitations cessent. Je n’avais jamais remarqué à quel point ce local était petit.
Petit à petit, le déluge a commencé à s’alléger. C’est Max qui s’est levé en premier pour aller voir les conditions météorologiques extérieures. Il semblait dire qu’il ne pleuvait plus à l’extérieur. Maélie décida d’aller voir par elle-même, suivie d’Alex. Cependant, quand j’ai voulu ouvrir la porte de sortie celle-ci refusa de bouger. Doutant de la force de mon bras non dominant, je réessayai à nouveau avec l’espoir que la planche d’aluminium veuille bien coopérer. Hélas elle resta immobile. Je commençai à paniquer et à frapper dans la porte métallique espérant que ce n’était que mes amis qui me faisaient une blague. Aucune réaction ne venait de l’autre côté.
Les mains tremblantes, je reculai et une tonne de questions commença à tourbillonner dans ma tête. Une en particulier : Suis-je prisonnière dans ce trou à rat pour toujours ? Mes jambes me lâchèrent et je me laissais glisser le long d’un mur, dépourvue de toute énergie. Je sentis le plancher trembler sous mes pieds. Ce tremblement se mit à se propager vers les murs et le toit. Les pièces composant les maquettes qui ornent les murs du wagon musée commencèrent à bouger de leur emplacement original, et puis à tomber de la plateforme.
Pétrifiée de peur, je ne pouvais même plus émettre un son.
J’avais l’impression que la boîte de métal dont j’étais devenue prisonnière avait soudainement commencé à rouler, comme si elle s’était rattachée à son train originel. Le wagon ne tremblait plus, mais semblait bouger de plus en plus. Mon cœur s’emballait tellement fort que je l’entendais battre dans ma poitrine. Je suffoquais alors que le poids de mon anxiété me pesait sur le torse. Le wagon ne semblait pas s’arrêter, à l’inverse, il accélérait mais à reculons. Je n’arrivais plus à voir correctement ni à différencier ce qui est vrai du faux. Sous le manque d’oxygène, je perdis connaissance et m’écrasais au sol, les larmes aux yeux.
Je ne sais pas combien de temps je suis restée inconsciente dans ce Wagon. J’ai réussi, tant bien que mal à me rendre à la porte de sortie. Je n’ai pas eu besoin de l’ouvrir puisqu’un homme revêtant une redingote et un pantalon sombre s’en chargea. L’homme fut aussi surprit de me voir que moi. Derrière lui, j’aperçu une dame assise dans une calèche. Elle portait un corset et une longue jupe.
C’est alors que j’ai compris que j’avais quitté les années 2000. J’étais plongée, malgré moi, au début du 20e siècle…
Texte de Rose Phaneuf
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Prochaine histoire :


La légende
du lac Waterloo
Le conteur Paul Bradley a animé des ateliers dans les cours de français de 4e secondaire à l’école secondaire Wilfrid-Léger. Avec l’aide de leur professeur, les élèves ont rédigé des textes et réalisé des enregistrements qui, peu à peu, ont fait émerger un Waterloo secret et fictionnel : Oolretaw!
Quand la nuit enveloppe cette ville des Cantons-de-l’Est, d’étranges phénomènes commencent à émerger…
Ce projet est rendu possible grâce à l’apport de la Ville de Waterloo, de l’école secondaire Wilfrid-Léger et Centre de services scolaire du Val-des-Cerfs.