
Tu es arrivé au seuil d’Oolretaw.
Ici, les frontières entre le réel et l’imaginaire se brouillent. Lorsque les lampadaires municipaux s’allument, la ville bascule dans un univers miroir aux reflets fantastiques. Les lieux se métamorphosent, et des événements inattendus surgissent.
Quand la nuit enveloppe cette ville des Cantons-de-l’Est, d’étranges phénomènes commencent à émerger…

Les arbres du parc Robinson
À la maison, ce n’était jamais tranquille et aujourd’hui, c’était pire encore. Ma famille avait organisé une réunion juste avant la fête d’Halloween. J’étais dans ma chambre, essayant de réviser en prévision d’un examen. J’étudiais les soins infirmiers au cégep de Granby. Les bruits me dérangeaient et j’étais incapable de me concentrer. C’est alors que je décidai de sortir de la maison pour aller étudier au parc Robinson. Mon demi-frère me voyant partir, demanda à m’accompagner. J’ai accepté car j’étais sûre qu’il ne me dérangerait pas. Patrice est une personne très silencieuse.
Il faisait noir depuis longtemps. Patrice et moi marchions depuis quinze minutes dans le froid de l’automne quand nous somment arrivés au parc. En arrivant, j’ai réalisé que le parc semblait plus étrange que d’habitude. La lumière des lampadaires n’était plus qu’une mémoire lointaine en ces lieux déserts. À croire qu’il n’y avait pas un chat dans les parages…
Sauf celui qui gisait décédé au pied d’un des arbres.
Malgré cette vision et un pressentiment, Patrice et moi, avançions dans le parc. Mon demi-frère se pencha pour examiner la dépouille du félin. Le pauvre petit corps de l’animal était encore chaud. Il devait être mort depuis quelques minutes seulement. Mon cœur se mit à battre à la chamade. La vue de ce chat me rendait très mal à l’aise. Je me suis dit que son décès devait avoir été causé par les jeunes enfants de l’école primaire située juste à côté du parc, mais je n’en pouvais pas être certaine.
Patrice se releva. Il poussa un soupir et retira son regard du chat. Nous avons décidé alors d’ignorer la carcasse et de retourner à nos activités. Nous nous sommes assis au pied d’un autre résinifère. J’ai posé mon sac à dos sur le sol humide d’automne et en sorti mon cartable. C’est dans celui-ci que je prenais mes notes d’école. Il était temps que j’étudie pour mon examen du lendemain. Patrice s’est assis à côté de moi. Une fois son dos bien accoté sur le tronc l’arbre, il a mit ses écouteurs.
C’est à ce moment qu’un bruit me dérangea. J’ai tourné la tête et je les ai vus. Les racines arborescentes déchiraient le sol. Je croyais halluciner. C’était forcément mon imagination. J’avais fait une nuit blanche la veille. Mais au fur et à mesure que les tentacules du poulpe feuillu se rapprochaient de la gorge de Patrice, l’angoisse me capturait. Je figeais de peur alors que Patrice ne se rendait pas compte de ce qu’il lui arrivait. J’ai essayé de le prévenir, mais c’était trop tard.
Il entendait ma voix comme un sourd.
Les tiges du végétal se sont enroulées autour du cou de Patrice. Elles le serraient fortement. Son visage est devenu mauve dû au manque d’oxygène. Je me suis mise à paniquer. J’ai tenté de me lever mais mes jambes étaient molles comme de la compote de pomme. Je suis tombée au sol avant de me relever rapidement. Je ne pouvais pas rester ici. J’ai pris le choix qui me semblait le plus raisonnable à ce moment ; la fuite.
Éventuellement, j’ai ramené mes parents avec moi pour leur expliquer ce qui était arrivé à Patrice, mais son corps n’était plus là. Le chaton inerte, lui aussi, avait disparu.
Texte de Jeanne Proulx
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Prochaine histoire :


Le ballon rose
Le conteur Paul Bradley a animé des ateliers dans les cours de français de 4e secondaire à l’école secondaire Wilfrid-Léger. Avec l’aide de leur professeur, les élèves ont rédigé des textes et réalisé des enregistrements qui, peu à peu, ont fait émerger un Waterloo secret et fictionnel : Oolretaw!
Quand la nuit enveloppe cette ville des Cantons-de-l’Est, d’étranges phénomènes commencent à émerger…
Ce projet est rendu possible grâce à l’apport de la Ville de Waterloo, de l’école secondaire Wilfrid-Léger et Centre de services scolaire du Val-des-Cerfs.