
Tu es arrivé au seuil d’Oolretaw.
Ici, les frontières entre le réel et l’imaginaire se brouillent. Lorsque les lampadaires municipaux s’allument, la ville bascule dans un univers miroir aux reflets fantastiques. Les lieux se métamorphosent, et des événements inattendus surgissent.
Quand la nuit enveloppe cette ville des Cantons-de-l’Est, d’étranges phénomènes commencent à émerger…

Le pont de la mort
Il y a un an jour pour jour que j’ai perdu mon meilleur ami. C’était l’amour de ma vie, la personne la plus importante à mes yeux et cette nuit sombre, je m’en rappelle dans les moindres détails.
Tout se passait bien, nous revenions du Dollarama comme nous avions l’habitude de le faire chaque mardi. Nous empruntions les mêmes chemins aux mêmes heures, tout était pareil à l’exception de la pluie qui était brutalement apparue sur le chemin du retour. N’étant habillée que d’une petite veste et de shorts, je l’avais supplié d’arrêter au kiosque touristique qui était tout près sur notre chemin. Enfin au sec, nous prîmes un moment pour observer la petite pièce dans laquelle nous nous trouvions. Un raclement de gorge derrière nous nous fit sursauter.
Une dame assez âgée nous observait d’un air interrogateur.
Elle était ridée et tenait à peine debout grâce à une canne. Quand mes yeux se posèrent dans les siens, un frisson parcourut mon corps et aujourd’hui encore je fais des cauchemars sur ce faux sourire aux dents pourries qu’elle m’avait lancé. Je me souviens également avoir levé la tête pour regarder le grand brun à mes côtés, espérant qu’il voit la peur dans mon regard, ce qu’il fit instantanément. En sortant, je tournai la tête pour voir la dame, mais rien, elle avait totalement disparu. Je me dis que c’était étrange, mais que c’étaient probablement juste mes yeux qui faisaient défaut, qu’elle était peut-être dans l’ombre et que c’est pour ça que je ne l’avais pas vue.
Une fois sortis, je remarquai que la nuit était tombée alors qu’au moment d’entrer dans la bâtisse, il faisait clair. J’en fis la remarque à mon compagnon qui n’était guère intéressé et normalisait la situation. Notre marche reprit d’un pas rapide, et le sentiment d’être observée s’empara de moi. Regardant les statues du parc dans lequel nous passions, je remarquai quelque chose d’étrange. Les statues nous fixaient du regard, et leurs yeux lugubres bougeaient, nous observant. Je crus mal voir dû à la pluie, me frottai les yeux, mais en les rouvrant, je m’aperçus que les statues avaient disparu ainsi que mon complice.
Le stress grimpa d’un coup.
Je me mis à trembler malgré la chaleur. Des gouttelettes de pluie coulaient dans mon dos. Je fouillai le parc du regard, cherchant une cachette où il aurait pu se dissimuler pour me faire peur, mais rien. Puis un hurlement de terreur résonna en provenance du pont piéton. En plissant les yeux, je vis mon ami. Il se trouvait plus loin, sur le rebord du pont éclairé. Debout en semi-équilibre, il se balançait au vent comme possédé. La peur se lisait dans ses yeux, pourtant son visage était de marbre. Je courus pour m’approcher et le tirer du bord, mais quand ma main allait attraper la sienne, c’était trop tard, il était déjà en chute libre. Mes oreilles se mirent à bourdonner, une sorte de sifflement résonnait dans ma tête, je n’ai rien pu faire…
Revenant à moi après quelques secondes d’absence, je sortis mon cellulaire de ma poche. Il était trempé, mais je fis de mon mieux pour le sécher avec le peu de linge sec qu’il me restait. Tremblante comme une feuille en pleine tempête, je tapai le numéro des urgences, et d’une voix éteinte, j’expliquai à la dame ce qui c'était passé. Une fois la police arrivée, ils m’amenèrent au poste où l’on me posa des tas de questions. Je leur ai tout expliqué, qu’il n’avait jamais eu de pensées sombres, de ce que je sache, et puis l’accumulation des évènements me laissai croire qu’il ne l’avait pas fait de son plein gré. Un vieux policier me raconta que ce n’était pas la première fois que ça arrivait, plusieurs cas de suicides de ce genre s’étaient produits dans les cinquante dernières années.
À ce jour, je ne comprends toujours pas ce qui est arrivé sur le pont, mais je sais que je n’ai pas rêvé, sinon mon ami serait toujours à mes côtés.
Texte de Mya Rainville
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Prochaine histoire :


Les arbres du parc Robinson
Le conteur Paul Bradley a animé des ateliers dans les cours de français de 4e secondaire à l’école secondaire Wilfrid-Léger. Avec l’aide de leur professeur, les élèves ont rédigé des textes et réalisé des enregistrements qui, peu à peu, ont fait émerger un Waterloo secret et fictionnel : Oolretaw!
Quand la nuit enveloppe cette ville des Cantons-de-l’Est, d’étranges phénomènes commencent à émerger…
Ce projet est rendu possible grâce à l’apport de la Ville de Waterloo, de l’école secondaire Wilfrid-Léger et Centre de services scolaire du Val-des-Cerfs.