
Tu es arrivé au seuil d’Oolretaw.
Ici, les frontières entre le réel et l’imaginaire se brouillent. Lorsque les lampadaires municipaux s’allument, la ville bascule dans un univers miroir aux reflets fantastiques. Les lieux se métamorphosent, et des événements inattendus surgissent.
Quand la nuit enveloppe cette ville des Cantons-de-l’Est, d’étranges phénomènes commencent à émerger…

La malédiction de la voie ferrée
C`était un soir de pleine lune. Il était minuit moins quart et je revenais d`une soirée chez mes amis. Nous avions eu un après-midi très mouvementé, ce qui accentuait beaucoup ma fatigue. Ma mère m`avait pourtant bien avisée de ne pas revenir trop tard mais comme d`habitude, je n`ai pas trop respecté cette consigne.
Au cours de ma marche, j’ai remarqué qu`à l`instant où la lune a été masquée par les nuages, l’ambiance de la nuit paisible qui m’entourait est devenu lourde. J’étais perturbé par l’impression que la nature m’observait. Je me suis dit que c'était sûrement dû au fait que j’avais écouté un film d’horreur quelques heures auparavant. Mon subconscient devait me jouer un tour.
Soudain, j’ai entendu un bruit strident qui a brisé le silence de la nuit. Le sifflement ressemblait à celui d’une locomotive à vapeur ! Je me souviens m’être dis que c’était probablement le klaxon d’une voiture qui aurait résonné étrangement dans mes oreilles. Puis, un deuxième bruit de sifflet retentit dans la nuit, suivi d’un troisième, puis d’un quatrième.
Ce simple son devenait réalité !
Dans l’épais brouillard qui se dressait devant moi, j’ai aperçu une faible lueur qui s’intensifiait plus le temps passait. C’était comme si un phare immense se rapprochait à grande vitesse. Le sol s’est mis à trembler de plus en plus fort. En un déclic, mes jambes molles de peur se sont contractées et je me suis mis à courir pour me cacher derrière un large tronc d`arbre.
Peu de temp après la fin du vacarme, j’ai pris mon courage à deux mains, et je suis retourné pour découvrir la terreur venue d’une autre dimension. Un immense train à vapeur s`était arrêté. Il avait complètement broyé l`asphalte sur une longueur considérable dû à son poids et à l`absence de rails. L’étrange locomotive avait une particularité des plus remarquables. Elle était translucide, fantomatique, comme revenue des morts et du passé.
Un autre détail a attiré mon œil : 1879.
Mon sang s’est glacé, au point où respirer devenait difficile. Mais tout faisait sens maintenant. C’était précisément l’année où le train local avait fait un déraillement fatal. Soudain, une entité tout aussi translucide que l’engin mais aux yeux hautement lumineux, est sorti de la cabine du chauffeur. Au moment exact où j’ai voulu me sauver pour ne pas être vu, mon corps s’est bloqué sec. J’avais la sensation que mes articulations s’étaient soudainement soudées ensemble. Une force au-delà des lois de la nature me gardait captif. Il était trop tard, le revenant m’avait déjà vu. Instantanément, il se mit à marcher dans ma direction. Plus il avançait, plus je sentais mon esprit se séparer de mon enveloppe physique, comme s’il voulait que je le rejoigne.
Alors que j’étais prêt à trépasser, la lune réapparut. Brusquement, le train et le fantôme furent désintégrés par la lumière nocturne. Je ne sais toujours pas ce qui se serait déroulé si la lune ne s`était pas pointée cette nuit-là.
Depuis ce jour, quand ma mère me donne une consigne, je l’écoute toujours.
Texte de Sacha Bilodeau
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Prochaine histoire :


Le pont de la mort
Le conteur Paul Bradley a animé des ateliers dans les cours de français de 4e secondaire à l’école secondaire Wilfrid-Léger. Avec l’aide de leur professeur, les élèves ont rédigé des textes et réalisé des enregistrements qui, peu à peu, ont fait émerger un Waterloo secret et fictionnel : Oolretaw!
Quand la nuit enveloppe cette ville des Cantons-de-l’Est, d’étranges phénomènes commencent à émerger…
Ce projet est rendu possible grâce à l’apport de la Ville de Waterloo, de l’école secondaire Wilfrid-Léger et Centre de services scolaire du Val-des-Cerfs.